La bio, c’est quoi ? Ce que dit (et ne dit pas) le cahier des charges.
Les logos européen (eurofeuille) et AB (propriété du Ministère de l’agriculture français), apportent globalement les mêmes garanties et renvoient tous deux à un seul et même cahier des charges communautaire (1). Ce cahier des charges est défini par des règlements adoptés par les États membres et le Parlement européen. Il est public et fait l’objet d’actualisations régulières.
Il définit des règles de production exigeantes (2), qui reposent sur le respect des écosystèmes et des cycles naturels : les produits chimiques de synthèse et les OGM sont interdits ; la rotation des cultures est obligatoire et le recyclage des sous-produits végétaux et animaux privilégié.
Les pratiques d’élevage sont également strictement encadrées [voir question] :les densités (nombre d’animaux par m²) sont systématiquement inférieures à celles du conventionnel, les animaux doivent avoir accès au plein air et sont nourris d’aliments bio produits localement dans la mesure du possible.
Enfin, les produits transformés [voir question] doivent contenir au moins 95 % d’ingrédients bio. Seuls les arômes naturels et 54 additifs sont autorisés (contre plus de 300 dans le conventionnel).
Tous les professionnels de la filière — agriculteurs, transformateurs et distributeurs — sont soumis à des contrôles au moins une fois par an, réalisés par les pouvoirs publics ou des organismes certificateurs indépendants agréés. Chaque année, ceux-ci mettent en œuvre des contrôles supplémentaires qui peuvent être inopinés. Pour bénéficier du label bio, les producteurs doivent suivre une période de conversion de 2 ans (3 ans pour les cultures pérennes).
La bio constitue donc une démarche exigeante en termes de protection de l’environnement, de santé des consommateurs et de qualité des produits.
Toutefois, le cahier des charges ne traite pas tous les sujets garantissant une agriculture et une alimentation plus durables.
D’autres questions sont pour nous essentielles également : la rémunération des agriculteurs, l’impact social, la réduction des emballages ou l’empreinte carbone des produits. Aussi, nombre d’entreprises bio mettent en place des démarches en la matière avec l’intention d’inscrire demain ces bonnes pratiques dans les exigences du règlement européen.
Références :
(1) Références règlementaires : https://www.inao.gouv.fr/Les-signes-officiels-de-la-qualite-et-de-l-origine-SIQO/Agriculture-Biologique
(2) Grandes règles de la production bio : https://www.produire-bio.fr/cest-quoi-la-bio/le-cahier-des-charges/
La bio : opportuniste ou engagée ?
Le secteur bio connaît un succès grandissant en France : deuxième pays européen le plus gros consommateur de bio derrière l’Allemagne, l’hexagone représente 10 % du marché mondial — soit 9.7 milliards d’euros en 2018. Cette tendance va croissant.
C’est une satisfaction pour nous, entreprises engagées et convaincues depuis le début — lorsque la bio n’intéressait pas grand monde… Mais c’est aussi une bonne nouvelle pour la santé des consommateurs, l’environnement et les agriculteurs : aujourd’hui, près des trois quarts des Français mangent bio régulièrement et ce mode d’agriculture occupait 7,5 % de la surface agricole utile en 2018.
Cette évolution du marché en entraîne d’autres : alors que le secteur bio a longtemps vu prédominer de petits acteurs indépendants, il attire désormais de nouveaux entrants, y compris de grosses coopératives et multinationales de l’agroalimentaire conventionnel ainsi que la grande distribution et son cortège de « marques distributeurs ».
Pour que le succès de la bio reste réjouissant, il faut préserver les valeurs et bonnes pratiques qui font sa spécificité. Pour nous, Entreprises Bio Engagées, la bio est bien plus qu’un label sur un produit dans un marché juteux : c’est une communauté d’acteurs — producteurs, entreprises de stockage, transformateurs, distributeurs et consommateurs — qui se retrouvent autour d’engagements concrets. Ces derniers concernent aussi bien le développement des filières que la protection de l’environnement et l’équité des échanges. Le label d’entreprise Bioed (Bio Entreprise Durable) porté par le Synabio, le syndicat des entreprises bio, est par exemple un outil qui permet de se retrouver autour de ces valeurs traduites en bonnes pratiques.
Cette culture commune et cette ambition d’une amélioration continue de nos métiers et de nos produits doivent guider le développement de la bio pour qu’elle garde son sens. Les consommateurs ont un rôle clé à jouer en privilégiant les produits et les circuits de distribution porteurs de ces valeurs.
Référence /lien
Bioed : https://bioed.fr
Synabio : https://www.synabio.com/
En quoi un élevage est-il bio ?
L’agriculture biologique repose sur une complémentarité entre élevage et culture. Les engrais chimiques de synthèse étant interdits, pour fertiliser les sols on a souvent recours au fumier des animaux.
Leur nourriture doit être à 100 % bio ou en conversion vers la bio*. Elle doit provenir au moins en partie de la ferme ou de la région**.
L’élevage biologique est strictement réglementé(1)afin d’assurer la qualité des produits qui en sont issus et afin de respecter au mieux le bien-être animal (2) :
- La densité, à l’intérieur comme à l’extérieur des bâtiments, est limitée ce qui permet aux animaux d’avoir plus d’espace que dans les élevages conventionnels. En bio, les poulets et les porcs à l’engraissement ont par exemple deux fois plus d’espace dans les bâtiments.
- Les animaux doivent systématiquement pouvoir accéder à des parcours extérieurs.
- Pour les ruminants, au moins 60 % de la ration doivent être composés de fourrages grossiers : herbe, foin… et ils doivent pouvoir pâturer dès que les conditions climatiques le permettent.
- L’utilisation des additifs dans l’alimentation des animaux d’élevage est encadrée par le règlement bio qui fixe une liste restrictive.
- Les traitements antibiotiques ne sont possibles qu’en curatif et leur nombre est plafonné (pas plus de 3 traitements par période de 12 mois pour les poules par exemple).
- Certaines pratiques sont interdites : les cages, l’attache des ruminants***, les techniques de claustration, de muselière pour les veaux, et tout régime carencé.
- D’autres pratiques sont très encadrées et limitées : l’épointage du bec, l’écornage et le raccourcissement de la queue des agneaux ne sont possibles qu’à titre strictement exceptionnel afin d’éviter que les animaux ne se blessent les uns les autres. La castration ne peut être pratiquée que sous anesthésie ou analgésie.
- Enfin, au moment de l’abattage, la souffrance des animaux doit être réduite au maximum. En février 2019, la Cour de justice de l’Union européenne a d’ailleurs précisé que l’abattage sans étourdissement n’était pas compatible avec les principes de l’agriculture biologique. Des vidéos tournées dans les abattoirs, pourtant certifiés bio, ont montré que ce n’était pas toujours respecté : il s’agit là de dérives inacceptables que les pouvoirs publics doivent sanctionner.
Notes :
* À l’exception des poulettes et porcelets pour lesquels on tolère 5 % d’aliments non bio riches en protéines. Ceux-ci doivent être garantis sans OGM et sans utilisation de solvants de synthèse.
** Au moins 60 % pour les ruminants et au moins 20 % de la ration pour les volailles et les porcs.
*** Sauf pour les anciens bâtiments et les petites exploitations. L’attache y est tolérée mais les animaux doivent pouvoir accéder au pâturage dès que les conditions climatiques le permettent.
Références :
(1) Normes de l’élevage / Agence Bio : https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2018/10/bien_etre_animal_en_bio.pdf
(2) Bien-être animal dans la bio : https://www.produire-bio.fr/articles-pratiques/bien-etre-animal-en-bio-faire-toujours-mieux/
Que valent les produits bio d’un point de vue nutritionnel ?
L’alimentation nous apporte des macronutriments — protéines, glucides et lipides — et des micronutriments qui ne fournissent pas d’énergie mais qui sont essentiels pour l’organisme. Ce sont les vitamines, les minéraux et les oligo-éléments qui sont actifs à de très faibles doses.
Certaines études ont montré des variations favorables à la bio pour certains micronutriments : une teneur en vitamine C en moyenne 50 % plus élevée dans les tomates bio vs. les tomates conventionnelles (1); une teneur en acides gras oméga-3 totaux supérieure d’environ 50 % dans le lait bio vs. conventionnel (2) ; ou une teneur en acides gras polyinsaturés totaux et oméga-3 supérieure de 23 et 47 % dans les viandes bio qui s’explique par le mode d’alimentation bio des animaux (3).
Par nature, une teneur moyenne plus élevée ne permet pas d’affirmer de supériorité systématique de la bio. C’est cependant une observation statistiquement significative favorable aux produits bio.
L’apport nutritionnel vraiment différenciant de la bio résiderait surtout dans sa teneur en antioxydants. Cette dernière est, d’après l’étude de Newcastle* (4), significativement plus élevée — de 19 à 69 % ** — dans les cultures biologiques que dans les cultures conventionnelles. Or, les antioxydants sont associés à une diminution des risques de maladies chroniques telles que les maladies cardiovasculaires, neurodégénératives et certains cancers.
Enfin, en matière de santé [voir question], notons qu’en mangeant bio on est nettement moins exposé aux pesticides chimiques, puisque leur usage est interdit par le cahier des charges, et qu’on évite aussi plus de 250 additifs qui sont autorisés dans le conventionnel mais interdits en bio !
Notes :
* Une méta-analyse combinant 343 études et publiée dans le British Journal of Nutrition.
** Les chercheurs ont relevé : plus 19 % d’acides phénoliques, plus 69 % de flavanones, plus 28 % de stilbènes, plus 26 % de flavones, plus 50 % de flavonols et plus 51 % d’anthocyanines.
Références :
(1) Étude sur les tomates (en anglais) : https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0056354
(2) Étude sur le lait bio (en anglais) : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5658984/#CR192
(3) Étude sur la viande bio (en anglais) : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4838835/
(4) Étude de Newcastle (en anglais) : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4141693/
Communiqué de l’INRA sur l’étude de Newcastle (en français) :http://www.inra.fr/Grand-public/Alimentation-et-sante/Toutes-les-actualites/Qualite-nutritionnelle-des-produits-bio
Faut-il aussi privilégier la bio pour les produits transformés ?
De manière générale, les produits transformés peuvent présenter deux travers : leur profil nutritionnel et leurs additifs. C’est particulièrement vrai dans le conventionnel : plus de 300 additifs sont autorisés contre 54 en bio !
En bio, les produits transformés doivent répondre à un cahier des charges bien plus sévère. Ils doivent contenir au moins 95 % d’ingrédients d’origine agricole bio (hors eau, sel et additifs). Les 5 % restants se limitent à une liste restrictive d’ingrédients qui ne sont pas disponibles en bio.
Par ailleurs, le règlement européen restreint très fortement l’utilisation des additifs. Il interdit aussi les arômes artificiels, les OGM et les ingrédients irradiés. Enfin, seuls certains auxiliaires technologiques (huile végétale, cire d’abeille) sont autorisés, ce qui empêche le recours à des procédés comme l’hydrogénation des graisses ou l’extraction des huiles à l’hexane (un solvant issu de la chimie de synthèse).
Ainsi, en bio, les possibilités de transformation — et a fortiori d’ultra-transformation — sont limitées en raison du nombre limité d’additifs et d’auxiliaires technologiques autorisés.
Sans même parler d’autres avantages de l’agriculture biologique pour l’environnement, ces éléments rendent le choix entre un produit transformé conventionnel et un produit transformé bio assez évident ! Cependant, cela ne signifie pas que ces derniers soient totalement exempts de défauts du strict point de vue nutritionnel. Nous encourageons les consommateurs à lire les étiquettes pour en savoir plus sur le niveau de sucre, graisses, sel, etc.
L’alimentation biologique est-elle vraiment meilleure pour la santé ?
Si l’influence de l’alimentation sur la santé ne fait aucun doute, il est très difficile de prouver scientifiquement la relation de cause à effet. Concernant la bio, on s’appuie principalement sur des études épidémiologiques : on ne prouve donc pas la causalité mais on mesure la fréquence de maladies dans les populations suivies. C’est une des raisons qui explique la prudence des discours en la matière. Une chose est certaine : les dernières études sérieuses sont très positives et nous encouragent à choisir la bio.
L’étudeNutriNet-Santé (et son volet Bionutrinet) qui suit plus de 60 000 personnes depuis 2009 a mis en évidence chez les forts consommateurs de bio (versus les faibles ou non consommateurs) :
— Une réduction de 25 % des risques de cancer(1).
— Une réduction de 31 % du risque d’obésité(2).
— Une réduction de 31 % du risque de présenter un syndrome métabolique : c’est-à-dire l’ensemble de signes physiologiques (hypertension, glycémie élevée, obésité abdominale…) qui augmentent les risques cardio-vasculaires et de diabète de type II (3).
Il existe deux hypothèses solides pouvant expliquer ces résultats : le taux d’antioxydants dans les produits bio [voir question] et les moindres traces de résidus de pesticides [voir question]
Une étude anglaise conduite par l’Université de Newcastle (4) a en effet révélé que les cultures conventionnelles contenaient quatre fois plus de résidus de pesticides que les cultures biologiques. Or, les recherches récentes sur l’exposition aux pesticides ont prouvé leurs incidences négatives sur au moins deux risques majeurs en termes de santé : l’obésité et le diabète de type II d’une part, le développement du cerveau in utero et des jeunes enfants d’autre part(5).
Autant d’arguments qui expliquent que Santé Publique France — l’agence française de santé publique sous tutelle du Ministère de la santé— recommande désormais de privilégier les fruits et légumes bio.
Références :
(1) INRA / réduction du risque de cancer : http://presse.inra.fr/Communiques-de-presse/Moins-de-cancers-chez-les-consommateurs-d-aliments-bio
(2) INRA / réduction du risque d’obésité : https://www6.inra.fr/comite_agriculture_biologique/content/download/4083/40416/version/1/file/RésumEfrençais+BJN_IMC%26Bio_Bionutrinet.pdf.
(3) INRA / réduction du risque de syndrome métabolique : http://www.inra.fr/Grand-public/Alimentation-et-sante/Toutes-les-actualites/Consommation-d-aliments-bio-et-syndrome-metabolique
(4) Etude Newcastle (en anglais) : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4141693/
(5) Article sur le lien entre pesticides, obésité et diabète / Le Monde: https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/06/29/diabete-et-obesite-les-pesticides-pourraient-augmenter-le-risque-pour-la-population_5323212_3244.html
Les pesticides sont-ils oui ou non autorisés dans la bio ?
« Pesticides » (ou « produits phytosanitaires »), est un terme générique qui désigne les produits de lutte contre des organismes vivants nuisibles. Ils sont parfois nécessaires pour protéger les cultures, y compris en bio.
La question est plutôt : quels pesticides ? Car là, réside la différence essentielle entre les modes de production : alors que l’agriculture conventionnelle utilise des pesticides chimiques de synthèse, l’agriculture biologique a recours à des traitements d’origine naturelle*.
Au final, suivant la réglementation européenne, seules 57 substances ou catégories de substances, toutes naturelles, peuvent rentrer en contact direct avec les végétaux en production bio(1). Ce chiffre est à comparer au plus de 450 substances autorisées en agriculture conventionnelle(2) qui sont elles essentiellement issues de la chimie de synthèse.
Les traitements naturels utilisés en bio peuvent être d’origine végétale (sous forme d’huiles), animale (cire d’abeille), issus de micro-organismes utilisés dans la lutte biologique ou encore constitués de substances naturelles comme le cuivre, les argiles ou le bicarbonate de potassium.
Notons que ce n’est pas parce que leur source est naturelle que certaines de ces substances ne présentent pas une certaine toxicité. La nature mal utilisée peut aussi être dangereuse ! C’est le cas notamment du cuivre ou du spinosad qui doivent être utilisés avec précaution.
Les herbicides sont eux interdits en bio : la lutte contre les plantes indésirables s’effectue par la rotation des cultures, les procédés mécaniques de travail du sol et le désherbage thermique.
Globalement, l’agriculture biologique promeut donc une approche plus prudente, fondée sur des bonnes pratiques qui permettent de ne recourir aux traitements qu’en dernier recours.
* À la seule exception des pièges à insectes pour lesquels deux insecticides chimiques sont autorisés.
Références :
(1) Substances actives autorisées en bio : annexe II du RE 2018/848 et l’annexe I du règlement d’exécution (UE) 2021/1165 : https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:02008R0889-20181112&from=EN
(2) Substances actives approuvées en agriculture conventionnelle (2019) : https://ec.europa.eu/food/plant/pesticides/eu-pesticides-database/public/?event=activesubstance.selection&language=EN.
La bio est-elle équitable ?
La bio et l’équitable sont deux démarches différentes. La bio désigne des produits issus d’une agriculture et d’une fabrication strictement réglementées par un cahier des charges et formalisées par une certification [voir question]. Elle défend une agriculture respectueuse de l’environnement, de la santé et du bien-être animal. L’équitable constitue un modèle commercial qui garantit une rémunération juste aux producteurs. Bio et équitable sont donc deux notions indépendantes.
Cependant, les deux démarches sont bien sûr compatibles et se rejoignent souvent. L’équité fait même partie — avec la santé, la précaution et l’écologie — des quatre principes qui définissent la bio selon la Fédération internationale des mouvements de la bio (IFOAM)(1). Quant aux filières équitables, elles se positionnent comme des acteurs de la transition écologique et solidaire : selon elles, le commerce équitable contribue à l’adoption de modes de production respectueux de leur environnement(2). Cette complémentarité de valeurs se traduit concrètement sur le marché : 81 % des produits équitables vendus en 2017 arboraient aussi le label bio (3). Enfin, certaines filières font même le choix du label Biopartenaire qui associe encore plus étroitement les deux démarches (4).
Sans être strictement labellisée équitable, la filière bio est-elle en soi plus rémunératrice — et donc plus juste vis-à-vis du travail de ses producteurs — que l’agriculture conventionnelle ? On sait que les tarifs payés en bio sont plus élevés, mais également que les rendements sont inférieurs et la quantité de travail nécessaire plus importante. Difficile donc de conclure de manière systématique.
Reste donc la question de la rentabilité. S’il n’existe pas d’études précises et exhaustives sur la bio dans son ensemble, des exemples sectoriels — concernant le lait (5), la viande (6), la viticulture et le maraîchage (7)— indiquent des revenus supérieurs et un meilleur équilibre commercial dans les filières bio que dans le conventionnel.
Références :
(1) Principes de l’agriculture bio / IFOAM : https://www.ifoam.bio/sites/default/files/poa_french_web.pdf
(2) Principes du commerce équitable / Commerce équitable France : https://www.commercequitable.org/le-commerce-equitable/definitions/
(3) Double label équitable et bio : https://www.linfodurable.fr/social/le-commerce-equitable-de-plus-en-plus-bio-et-inversement-3661
(4) Label Biopartenaire : http://www.biopartenaire.com
(5) Pas de crise du lait pour les éleveurs bio : https://reporterre.net/Crise-du-lait-Pas-pour-les-eleveurs-bio
(6) Organisation filière viande bio : https://www.produire-bio.fr/articles-pratiques/eleveurs-bio-de-france/
(7) Performance économique agriculture bio / INSEE : https://www.insee.fr/fr/statistiques/3280932?sommaire=3280952
La bio est-elle favorable aux abeilles ?
Oui ! On connaît depuis longtemps l’importance des abeilles dans la biodiversité et notre alimentation. Le rôle joué par les insecticides dans la tragique érosion de leur population a également été démontré plus récemment(1). Enfin, des études avaient déjà mis en évidence un effet positif de l’agriculture biologique sur les abeilles sauvages (2). Depuis cette année, on sait désormais que celle-ci est également très favorable aux abeilles domestiques.
On doit cette démonstration à une équipe de chercheurs* qui a analysé six années de données recueillies près de 180 ruches dans le Centre-Ouest de la France (3). Ils ont trouvé jusqu’à 37 % de couvain (c’est-à-dire l’ensemble des nymphes, larves et œufs couvés par les abeilles ouvrières), 20 % d’abeilles adultes et 53 % de miel en plus dans les colonies entourées de parcelles agricoles bio par rapport à celles situées dans des paysages agricoles conventionnels.
Parmi les hypothèses expliquant ces résultats, les chercheurs citent : la présence de ressources supplémentaires pour les abeilles entourées de parcelles bio, notamment grâce aux « mauvaises herbes ». C’est particulièrement vrai au printemps, où les abeilles des régions d’agriculture intensive souffrent, au contraire, de la faible disponibilité en fleurs. L’étude avance également une plus grande diversité de ressources en pollen, une disponibilité accrue de fleurs mellifères à une plus grande échelle spatiale et une diminution de la mortalité due aux pesticides.
Le cas des abeilles compte parmi les multiples avantages de l’agriculture biologique vs. l’agriculture conventionnelle en matière de préservation de la biodiversité. Ces bénéfices varient en fonction des espèces, du contexte paysager et des cultures.
Notes :
* Équipe de chercheurs du CNRS, de l’INRA et de la Rochelle Université.
Références:
– (1) Avis de l’Agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA) sur les risques des néonicotinoïdes pour les abeilles (2018) : https://www.efsa.europa.eu/fr/press/news/180228
– (2) Etude scientifique (en anglais) sur l’effet des cultures bio sur la diversité des populations d’abeilles (2007) : https://besjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1365-2664.2006.01259.x
– (2 bis) Etude scientifique (en anglais) comparant l’abondance des populations d’abeilles sauvages et la pollinisation selon le type de culture (2005) : https://esajournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1890/03-5271
– (3) Communiqué de presse du CNRS sur l’étude : http://www.cnrs.fr/fr/lagriculture-biologique-ameliore-les-performances-des-colonies-dabeilles-melliferes
Emploi et conditions de travail : que garantit la bio ?
Le règlement bio européen ne comporte pas de volet social. Ce dernier n’est donc pas en soi un indicateur des conditions de travail dans les exploitations ou les entreprises.
Cependant, afin de participer au développement d’une filière cohérente et durable, de nombreuses entreprises bio se sont engagées pour aller au-delà du cahier des charges et mettent elles-mêmes en œuvre des démarches de responsabilité sociétale et environnementale (RSE). Celles-ci concernent des domaines aussi divers que les conditions de travail, le dialogue social ou la gouvernance d’entreprise. Les labels d’entreprise Bioed ou
B Corp sont des exemples parmi d’autres de ces engagements.
En dehors de ces bonnes pratiques RSE, on note un impact social non négligeable de la bio : elle est structurellement créatrice d’emplois ! En effet, à structure égale, une ferme bio génère en moyenne 30 % d’emplois en plus qu’une ferme conventionnelle (1). Une différence qui s’explique par les exigences du cahier des charges qui demande plus de travail. Si l’on tient compte du fait que les exploitations bio développent souvent la vente directe et/ou la transformation à la ferme, on arrive alors à une quantité de travail 60 % plus importante qu’en conventionnel. À noter : les études sur la qualité des emplois font état d’une satisfaction accrue au travail dans la bio qui a pour origine la reconnaissance matérielle, symbolique et sociale.
La croissance du secteur bio a évidemment un impact positif sur ces emplois directs (2): entre 2012 et 2017, ils ont progressé au rythme de 9.5 % par an ! En 2017, on estimait à 134 500 les emplois directs dans les fermes bio et dans les entreprises de transformation et de distribution. Alors que l’agriculture conventionnelle a tendance à recruter de moins en moins, la bio est donc une chance de ramener de la vie dans les territoires ruraux. En effet, aujourd’hui, 80% des produits bio consommés en France (hors produits exotiques) sont fabriqués à partir de matières premières agricoles françaises. Cocoribio !
Références:
(1) Bio et emploi / avis du CNA (2015) : https://www.cna-alimentation.fr/v2/wp-content/uploads/2017/03/CNA_Avis74.pdf
(2) Bio et dynamisme économique / Agence bio : http://www.agencebio.org/sites/default/files/upload/agencebio-dossierdepressechiffres-juin2018-bat_31.05.2018.pdf
Bioed : https://bioed.fr
B Corp : https://bcorporation.eu/about-b-lab/country-partner/france
Autre mode de gouvernance chez Biocoop / We Demain : https://www.wedemain.fr/Holacratie-ces-Biocoop-bretonnes-ont-abandonne-la-hierarchie_a3728.html
L’agriculture biologique pourrait-elle nourrir l’humanité ?
La réponse est oui. Basculer dans un système de production alimentaire sain et durable est même crucial face à l’accroissement de la population et l’urgence environnementale.
Les sceptiques pointent les plus faibles rendements de la bio : elle exigerait plus de terres, et pourrait donc accélérer la déforestation. C’est mal prendre la question : il ne s’agit pas simplement de changer de mode de production mais de repenser tout notre système agro-alimentaire.
Dans une étude européenne de 2017, des chercheurs affirment qu’il serait possible de nourrir plus de 9 milliards d’êtres humains en 2050 avec 100 % d’agriculture biologique sans augmenter la superficie de terres agricoles et en réduisant les émissions de gaz à effet de serre(1). Comment ? En limitant le gaspillage alimentaire (qui représente aujourd’hui 30 % de la production alimentaire mondiale) et en divisant la consommation de produits d’origine animale par trois — 70% des terres cultivables de la planète sont actuellement utilisées pour nourrir les animaux d’élevage.
Le scénario « Afterres 2050 » de Solagro arrivait aux mêmes conclusions (2) : une agriculture biologique à 50 % pourrait nourrir 72 millions de Français en 2050 sans augmenter la quantité de terres arables tout en divisant par trois les pesticides et par deux les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d’énergie et la consommation d’eau en été. Ceci suppose de diminuer les pertes et sur-consommations et d’adapter notre régime alimentaire.
Nourrir l’humanité ne passe donc pas forcément par une course aux rendements et aux intrants chimiques ! Comme l’agronome Marc Dufumier (3), nous pensons que la malnutrition n’est pas due à une insuffisance de production mais à la pauvreté : il y a en Occident un excédent de nourriture, souvent bas-de-gamme et de mauvaise qualité nutritionnelle, que nous exportons vers les pays Sud ce qui a pour effet de déstabiliser la production agricole locale.
Convertir notre agriculture à la bio, nous conduirait certainement à tirer un trait sur l’export de matières premières agricoles à bas prix. Mais, au final, nos agriculteurs ne seraient certainement pas perdants, les prix en bio étant nettement plus élevés.
Quant aux agriculteurs des pays du Sud, ils ne seraient plus concurrencés par des importations à prix cassés. Ils pourraient vivre de leur métier, développer leurs productions et reconstruire une autonomie alimentaire locale.
Références :
(1) Étude européenne (en anglais) / Revue Nature Communications : https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2018/10/bien_etre_animal_en_bio.pdf
(1 bis) Article sur l’étude européenne / Le Monde: https://www.lemonde.fr/planete/article/2017/11/14/une-agriculture-100-biologique-pourrait-nourrir-la-planete-en-2050_5214822_3244.html
(2) Scénario Afterres / Solagro : https://afterres2050.solagro.org/a-propos/le-projet-afterres-2050/
(3) Interview Marc Dufumier / Graines de Mane : https://grainesdemane.fr/marc-dufumier-lagroecologie/
Rapport FAO 2006 / L’ombre portée de l’élevage : http://www.fao.org/3/a-a0701f.pdf
Bio ou local : comment choisir ?
77 % des consommateurs déclarent privilégier les produits locaux autant que possible*. C’est une manière de soutenir les agriculteurs et entreprises de proximité et donc la vie dans les territoires. Un rapport du Conseil d’orientation de l’emploi de 2018, indiquait d’ailleurs qu’en relocalisant 10 % de notre consommation, on pourrait recréer 150 000 emplois en France (1).
S‘il est une marque de confiance et d’engagement pour une économie de proximité, le choix du « local » ne garantit pas les modes de production ni de fabrication et n’est donc pas nécessairement synonyme de qualité. Il ne dit rien de l’utilisation de pesticides ou d’engrais chimiques de synthèse, des modes d’élevage, ou des additifs et procédés de transformation des produits.
Seul le label bio prend en compte tous ces critères [voir question] et vaut pour tous les produits, quelle que soit leur provenance [voire question].
Demeure la question de l’impact des transports sur le climat. On sait que les importations — tous produits confondus — représentent la moitié des émissions de CO2 liées à la consommation française (2). Cependant, s’agissant des produits alimentaires, les transports ne pèsent que 19 % de leur empreinte carbone contre 66 % pour le mode de production(3).
Ce qui fait sens dans le « local », c’est donc avant tout le fait de recréer des liens entre les consommateurs, les agriculteurs et les entreprises au sein d’un territoire.
Ceci n’est pas incompatible avec la bio, bien au contraire ! D’autant que l’agriculture bio est créatrice d’emplois [voir emploi]. C’est même très exactement le schéma que nous défendons avec notre collectif d’entreprises bio engagées : la création et le développement de filières d’approvisionnement bio et locales.
Et n’oublions pas que la bio consommée dans l’hexagone est majoritairement d’origine française : d’après l’Agence Bio, 80% des produits bio consommés en France (hors produits exotiques) sont fabriqués à partir de matières premières agricoles françaises.
* D’après l’étude LinkQ Labels/Mentions, septembre 2017, Kantar Worldpanel.
Références :
https://www.lsa-conso.fr/le-local-prend-son-essor,316081
(1)Opportunités pour l’emploi de la consommation responsable / Conseil d’orientation pour l’emploi : http://www.coe.gouv.fr/Synthese_Consommation_responsable_et_emploi-3c69b.pdf?file_url=IMG/pdf/Synthese_Consommation_responsable_et_emploi-3.pdf
(2)Importation et CO2 / Actu Environnement : https://www.actu-environnement.com/ae/news/empreinte-carbone-france-hausse-emissions-co2-25628.php4
(3)Empreinte écologique de notre alimentation / Ademe : https://presse.ademe.fr/2019/02/infographie-lempreinte-ecologique-de-notre-alimentation.html
Que sait-on du bilan carbone de la bio ?
Nous n’en savons malheureusement pas assez ! Les études manquent et celles qui existent sont sujettes à débat.
Les connaissances avérées aujourd’hui concernent l’agriculture en général. On sait qu’elle pèse près d’un quart des émissions de gaz à effet de serre (GES) anthropiques dans le monde. Il s’agit d’émissions de méthane (CH4) liées à l’élevage, de protoxyde d’azote (N2O) provenant des sols agricoles ou encore de dioxyde de carbone (CO2) résultant de l’utilisation de l’énergie.
En revanche, les études sur les émissions de GES dans l’agriculture biologique — qui sont principalement issues de la modélisation et d’analyses du cycle de vie — montrent des résultats variables qui ne permettent pas d’avancer de conclusions fermes.
L’agriculture biologique est reconnue pour être moins consommatrice d’énergie que l’agriculture conventionnelle, notamment grâce à la non-utilisation de pesticides et engrais chimiques de synthèse. D’après certaines études, elle serait aussi moins émettrice de GES à l’unité de production mais cet avantage serait annulé par un rendement inférieur et donc un besoin supérieur de terres. Une synthèse des études existantes de 2017* (1)concluait ainsi à des émissions de C02 équivalentes dans les deux systèmes agricoles. Des études complémentaires sont nécessaires pour confirmer ou infirmer ces données.
Quant aux avantages de la séquestration du carbone, la question n’est pas encore tranchée non plus. De nombreuses études ont bien montré que les sols gérés avec des pratiques biologiques ont une teneur en carbone organique plus élevée. Cependant, le potentiel d’atténuation du changement climatique par le stockage de carbone dans les sols agricoles fait encore l’objet de discussions, et ne peut donc pas être mis à l’actif de la bio de manière affirmative.
Notes :
* Méta-analyse portant sur 742 systèmes agricoles et plus de 90 aliments uniques produits principalement dans des systèmes à intrants / Clark, M., & Tilman.
Références :
(1) Méta-analyse Clark, M., & Tilman : https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/aa6cd5
Étude en anglais sur la performance de l’agriculture biologique : https://advances.sciencemag.org/content/3/3/e1602638
Empreinte carbone de notre alimentation / Ademe : https://presse.ademe.fr/2019/02/infographie-lempreinte-ecologique-de-notre-alimentation.html
Les additifs en bio : kesako ?
Les additifs sont définis officiellement comme des substances habituellement non consommées comme aliment en soi et non utilisées comme ingrédient caractéristique dans l’alimentation. Ils sont ajoutés aux aliments pour modifier leurs « propriétés technologiques » : couleur, texture, goût, durée de conservation.
L’utilisation des additifs dans les produits bio fait l’objet d’un encadrement spécifique : 56 sont autorisés par le règlement bio européen contre 330 additifs autorisés en conventionnel.
Pourquoi la bio limite-t-elle ainsi le nombre d’additifs ?
D’abord, parce qu’elle se donne pour objectif de préserver, autant que possible, les caractéristiques essentielles du produit et des ingrédients naturels qui le composent. Ainsi, en bio, on n’ajoutera pas de colorant « caramel » à un fromage trop pâlot, ni d’exhausteur de goût à un plat cuisiné trop fade.
Ensuite, parce que les procédés de fabrication des additifs, lorsqu’ils sont connus et documentés, peuvent s’avérer très éloignés des principes du label.
Par exemple, le colorant « extrait de paprika » (E160c) est certes issu d’un ingrédient d’origine agricole (le paprika), mais il est obtenu grâce à des solvants chimiques, incompatibles avec les principes de la bio. D’autant que des traces résiduelles de ces solvants sont tolérées dans l’additif final.
C’est également le cas pour les additifs « chlorophylle » (E140), « carotènes végétaux » (E160a) ou « lycopène » (E160d, issu d’une extraction par solvant à partir de la tomate).
Mais alors pourquoi autoriser 56 additifs en bio et ne pas s’en passer complètement ? Parce qu’il n’est pas toujours possible de faire sans, le plus souvent pour des raisons techniques et parfois aussi du fait des préférences des consommateurs.
Pour notre collectif d’entreprises bio engagées, spécialisées dans la fabrication des produits bio transformés, il est donc important d’attirer l’attention des consommateurs sur l’utilité des additifs en général. Avons-nous réellement besoin de plus de 300 substances « améliorantes » dans nos assiettes ? La bio montre qu’au moins 80% d’entre elles ne sont pas indispensables.
Références :
- La définition officielle des additifs selon l’ANSES : https://www.anses.fr/fr/content/le-point-sur-les-additifs-alimentaires
- La liste des additifs autorisés dans le conventionnel (plus de 300) qui figure dans ce règlement : https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?qid=1570433146486&uri=CELEX:02008R1333-20190618
- La liste des 56 additifs autorisés en bio qui figure dans le règlement bio européen (règlement d’exécution 2021/1165)
Trop de labels tue le label ?
En France, il existe des dizaines de labels, officiels ou non, qui distinguent et valorisent la spécificité d’un produit : son origine (AOC, AOP, viande française), son mode de production (volailles élevées en plein air) ou sa qualité gustative (Label rouge). Désormais, certains mettent également en avant de bonnes pratiques environnementales.
Le label privé « zéro résidus de pesticides » par exemple, que l’on trouve principalement sur des fruits et légumes des rayons de supermarchés, garantit des produits dont les résidus de pesticides sont inférieurs à 0,01 mg/kg (c’est-à-dire un niveau en dessous duquel les analyses ne sont plus fiables). En revanche, à la différence de la bio, ce label n’interdit pas l’utilisation de pesticides de synthèse qui restent autorisés sur une partie au moins du cycle de production avec toutes les questions que cela pose en matière de pollution des sols, des eaux et de l’air.
La Haute valeur environnementale (HVE) est quant à elle une certification en trois étapes dont le troisième niveau donne droit à un logo sur le produit. Les règles de son obtention sont complexes mais l’idée générale est de remplir plusieurs critères en matière de réduction des pesticides, de préservation de la biodiversité, et de gestion de l’eau et de la fertilisation. Certaines de ses pratiques sont vertueuses : diversification des cultures, recours à la lutte biologique, ou intégration de légumineuses. En revanche, d’autres questions comme les conditions d’élevage ou la fabrication des produits sont absentes de son cahier des charges.
Et le label agriculture biologique ? Il est leseul à associer des exigences dans trois domaines :
- le mode de production agricole (interdiction des pesticides de synthèse, rotation des cultures) ;
- le bien-être animal (limitation des densités, accès au plein air, interdiction des hormones) ;
- la transformation des produits (restriction sur les additifs et auxiliaires technologiques).
Enfin, c’est un label officiel, soumis au contrôle annuel d’organismes certificateurs agréés par les autorités publiques. Son cahier des charges [voir question] est consultable et ouvert à tous.
Référence :
Article sur le label « zéro résidus de pesticides » par Reporterre : https://reporterre.net/Le-label-Zero-residu-de-pesticides-du-mieux-mais-pas-bio
Qu’est-ce qui justifie les prix des produits bio ?
Il n’existe pas d’indice officiel, mais les études disponibles indiquent un surcoût des produits bio par rapport aux conventionnels de 15 à 70 % selon les marchandises et circuits de distribution.
Cet écart de prix s’explique principalement par les coûts liés au cahier des charges de la bio [voir question]. Cela commence au niveau de la production : ne pas utiliser de pesticides chimiques de synthèse implique des rendements plus faibles et un surcroit de travail.
À structure égale, une ferme bio génère en moyenne 30 % d’emplois en plus qu’une ferme conventionnelle [voir question].
C’est vrai aussi au niveau de la transformation des produits : de nombreux additifs, améliorants et colorants ainsi que certains procédés étant interdits, il faut utiliser des ingrédients plus ‘nobles’ et mettre en œuvre des processus souvent plus coûteux.
Enfin, la bio reste un secteur où la plupart des exploitations agricoles et des entreprises de transformation et de distribution sont de petite taille. Elles ne bénéficient pas de gros volumes permettant de mieux amortir certains coûts de production. C’est le cas aussi des ingrédients bio : leur production souvent limitée ou leur caractère artisanal induisent un prix d’achat plus élevé. Et lorsque les distributeurs appliquent les mêmes pourcentages de marge qu’en conventionnel, cela augmente d’autant le surcoût pour les consommateurs.
Le développement de la bio fera certainement baisser les prix à moyen terme. C’est déjà le cas pour beaucoup de produits dont les écarts de prix avec le conventionnel se réduisent (œufs et lait par exemple). Toutefois, étant donné les exigences de la bio, il est peu probable qu’ils soient un jour au même niveau.
D’ailleurs, un tel objectif est-il même souhaitable ? S‘il est essentiel qu’une alimentation de qualité soit accessible à tous, n’oublions pas que c’est la course aux prix cassés qui a conduit l’agriculture conventionnelle dans l’impasse : les producteurs n’arrivent plus à vivre de leur métier et les entreprises ne peuvent plus investir pour innover ou améliorer la qualité des produits.
Sans compter le prix à payer au niveau des territoires qui se vident, de la santé des consommateurs et de l’environnement ! On estime entre 1 et 1.5 milliards d’euros par an le coût de dépollution des eaux contaminées par les pesticides et les engrais de synthèse, soit 7 à 12 % de la facture d’eau (1) !
La bio propose une autre voie : celle d’une agriculture saine qui fait vivre ceux qui la produisent et qui respecte notre planète. Ceci a un prix qui doit être le plus raisonnable possible.
Références :
(1)http://temis.documentation.developpement-durable.gouv.fr/docs/Temis/0070/Temis-0070550/19342.pdf
https://www.agencebio.org/questions/pourquoi-les-produits-bio-sont-ils-plus-chers/
https://www.linfodurable.fr/conso/le-bio-vaut-il-le-cout-122
Les produits biologiques sont-ils exempts de toute contamination ?
Un des bénéfices de la bio réside dans l’interdiction de l’utilisation de pesticides de synthèse, ce qui réduit forcément le risque d’en retrouver dans son assiette. Le rapport de l‘Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) de 2023 indique bien que 82,8 % des produits bio analysés ne contiennent pas de résidus de pesticides quantifiables !
Ce chiffre tombe à 53,5 % pour les produits conventionnels soit un produit sur deux consommé.
Le rapport de l’EFSA précise que, les taux de dépassement et de quantification des LMR (Limite Maximale de résidus) étaient plus faibles dans les aliments biologiques que dans les aliments conventionnels, et ce pour toutes les catégories de produits alimentaires(1).
Mais comment expliquer que l’on trouve des traces de pesticides dans environ 14 % des produits bio ?
La raison principale se situe dans les contaminations de voisinage : les agriculteurs bio ne travaillent pas sous des cloches de verre et il peut arriver que les pesticides pulvérisés sur les champs voisins se retrouvent sous forme de traces dans une récolte bio.
Notons aussi que des traitements d’origine naturelle sont autorisés dans l’agriculture biologique [voir question] et que l’on peut en retrouver des traces dans les produits.
Enfin, la production bio peut subir des contaminations environnementales. C’est le cas des saumons bios dans lesquels on a trouvé des traces de PCB ou de dioxines. Ces contaminants sont malheureusement présents dans les eaux où vivaient les poissons sauvages utilisés pour produire les farines et huiles données aux saumons afin de respecter au mieux leur régime alimentaire. On peut détecter ces substances dans la chair des poissons issus d’élevages bio mais à des teneurs qui restent largement inférieures aux normes sanitaires. Dans ce cas comme dans d’autres, le problème ne vient pas donc pas de la bio mais de la pollution des eaux et des sols que l’on réduira en développant… la bio !
En attendant un monde 100 % bio, les professionnels du secteur et les organismes de contrôle sont vigilants et mettent en œuvre des analyses pour s’assurer du respect du cahier des charges En cas de contamination avérée suite à une analyse, les produits sont déclassés.
Par ailleurs, pour mieux prévenir les contaminations et les fraudes, les entreprises bio ont développé Securbio(2), un outil qui leur permet de partager leurs analyses et leur expertise sur les risques de contamination.
Références :
(1) Résidus de pesticides dans les aliments en Europe / EFSA : https://www.efsa.europa.eu/fr/news/pesticides-food-latest-data-published
(2) Securbio : https://www.synabio.com/securbio-gestion-risques-contaminations-produits-bio
Peut-on faire confiance aux produits bio importés ?
Le logo bio européen (eurofeuille) et le logo AB renvoient tous deux au cahier des charges communautaire [voir question]. Les règles sont les mêmes dans tous les pays de l’Union.
Qu’en est-il des produits d’origine extra-européenne importés en Europe ? Pour être étiquetés « bio », ils doivent respecter un cahier des charges apportant des garanties équivalentes aux règles européennes en termes de production et de contrôles. Ces contrôles sont confiés à des organismes indépendants accrédités par l’Union européenne*.
Les règles sont donc claires et rigoureuses, quelle que soit l’origine des produits. Il existera toujours un risque qu’elles ne soient pas appliquées de la même manière partout. Toutefois, un rapport de 2019 de la Cour des comptes indique que le système de contrôle de l’Union européenne s’est amélioré depuis le précédent audit de 2012, et propose encore des pistes de progrès pour prévenir les failles éventuelles.
Sur le terrain, les États membres sont en première ligne pour garantir la conformité des produits importés. En France, c’est la répression des fraudes qui réalise dans les ports et aéroports de nombreux contrôles et analyses sur les produits bio. Les entreprises se mobilisent également en mettant en œuvre leurs propres audits chez leurs fournisseurs et en réalisant des analyses sur leurs produits.
Précisons enfin que l’ensemble de ces contrôles ne porte que sur les exigences du règlement bio européen. Or, à l’heure actuelle, il ne traite pas de certains sujets importants : les conditions de travail ou la rémunération des producteurs notamment. Un consommateur soucieux de ces aspects-là se tournera vers des marques bio qui apportent des garanties supplémentaires en termes de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) ou d’équité commerciale. C’est ce que proposent par exemple le label Bioed (Bio Entreprise Durable), développé et diffusé par le syndicat des entreprises alimentaires bio (Synabio) et qui permet d’œuvrer à la cohérence des filières bio, ou le label Biopartenaire qui certifie des produits bio et équitables.
* Sauf dans le cas d’accords spécifiques avec certains pays comme Israël, le Chili ou les États-Unis qui organisent eux-mêmes les contrôles.
Comment un produit bio peut-il être mal ou sur-emballé ?
En soi, le label bio sur un produit ne garantit pas que son emballage soit plus vertueux qu’un autre puisque le cahier des charges ne traite pas du sujet [voir question].
Cependant, cela fait évidemment partie des préoccupations environnementales globales des entreprises bio. C’est bien dans l’objectif de réduire les déchets plastiques que les fabricants et distributeurs proposent davantage d’emballages en verre, en matériaux recyclés ou compostables et de plus grands formats (pour les yaourts par exemple). Les entreprises de la bio ont également été pionnières des offres « zéro déchets » via la vente en vrac qui concerne de plus en plus de produits dans les magasins spécialisés : céréales, fruits secs, pâtes, épicerie sèche en général et désormais produits ménagers et autres produits liquides. Enfin, certaines enseignes de distribution ont pris des initiatives particulières : Biocoop et Les Comptoirs de la bio par exemple ne vendent plus d’eau en bouteille plastique.
Toujours dans un souci d’exemplarité, 13 marques et plus de 800 magasins bio se sont associés en 2018 pour lancer Collectibio(1): un programme national de recyclage des plastiques souples (sachets, gourdes, films, bols et assiettes) qui ne sont pas toujours recyclés dans les filières existantes. Les consommateurs sont invités à rapporter les emballages concernés par le programme dans les collecteurs disposés dans les points de vente bio participants. Aucune initiative de ce type n’a encore été mise en place par les filières conventionnelles malgré leurs volumes de plastiques souples.
Référence :
(1) Collectibio : https://www.terracycle.com/fr-FR/brigades/collectibio